Voici un conseil municipal qui restera dans la mémoire des personnes présentes pour la violence du ton et des propos échangés entre le maire et son opposition, en particulier Catherine Coutard et Salim Bouziane, particulièrement féroces envers le premier magistrat. Lequel le leur a bien rendu.
Le débat sur la décision modificative du budget prévoyant un emprunt de 3 M€ pour financer la rénovation du centre venait à peine d'être lancé. Catherine Coutard a pris aussitôt la parole. "Exceptionnellement nous voterons pour l'injection de 3M€ sur le centre-ville et le recours à une maîtrise d'oeuvre externe car il y a urgence. Le coeur de ville ne peut plus attendre, il faut donner un signal clair aux habitants, aux commerçants mais aussi aux investisseurs potentiels pour qu'ils arrêtent de fuir le centre ancien"…
Mais ce soutien, l'élue MRC comptait bien le faire payer cher au maire. Habituellement plus modérée, elle a frappé très fort, au point que sa main tendue ressemblait fort à une gifle. "Nous voterons pour mais cela n'a pas rétabli pour autant notre confiance. C'est pourquoi nous vous demandons de prendre un certain nombre d'engagements…"
L'élue énumère alors ces conditions, très nombreuses:
"➤L'abandon définitif du projet de Zac commerciale au nord
➤La transparence dans le choix de l'équipe de maîtrise d'oeuvre et dans la mise en place du comité de suivi du projet "Action coeur de ville"
➤L'embauche d'un vrai manager de centre-ville
➤Le renforcement des projets de la politique de la ville en particulier dans le domaine social (Catherine Coutard estimant que l'implantation d'un centre social devrait être mise à l'étude)
➤Le lancement d'une action forte pour lutter contre les incivilités et les marchands de sommeil
➤L'implication de toutes les associations du centre-ville et pas seulement de celles qui vous agréent…"
Catherine Coutard a encore reproché au maire de n'avoir eu aucun projet pour le centre comme en témoignerait l'absence de "la moindre ligne d'investissement dans le DOB**, début février" et d'être repêché in fine par l'Etat qui "a changé les règles du jeu pour entrer dans le dispositif Action Coeur de Ville".
Avec ce début de programme d'action "nous savourons une victoire collective", qui ne devrait rien à Franck Reynier mais tout "aux commerçants mobilisés contre l'Envol, aux habitants qui sont venus nombreux témoigner contre le projet de la Zac Nord lors de l'enquête publique, à l'opposition qui est restée vigilante durant ces cinq dernières années et a agi avec les moyens dont elle disposait… Et aux électeurs qui vous ont signifié avec brutalité la rupture de confiance en juin dernier"...
Sur sa lancée, elle poursuit: "Nous ne lâcherons sur rien car nous savons que vous êtes arrivé ici à reculons, que vous agissez maintenant pour faire oublier votre inaction pendant 10 ans et que vous vous contenterez de quelques travaux visibles, sans prendre le problème à bras de corps. Vous souhaitiez que nous soyons actifs et participatifs, nous le serons ! Nous vous demanderons des comptes sur chaque décision, chaque délai, chaque oubli! Nous serons là pour palier à votre incurie et à votre impréparation".
Le maire a évidemment vu rouge et le ton est monté. "On fera sans vous, comme d'habitude, vous avez toujours été contre tous nos projets. Vous êtes très forte pour faire des mouvements de bras et pour le verbiage, mais si on vous écoutait on ne ferait jamais rien".
Le maire a démenti l'affirmation selon laquelle il n'aurait rien prévu pour le centre. "Lors du DOB j'ai précisé qu'il y aurait des lignes budgétaires supplémentaires, mais vous ne m'avez pas écouté…"
Il a promis qu'il allait maintenant passer à l'action; "Nous allons donner une nouvelle dynamique au centre ancien. Mais cela ne peut pas se faire en restreignant tout développement ailleurs que dans le centre comme vous le proposez. La panne du centre-ville est due à son manque d'attractivité. Toute la communication négative qui a été faite depuis deux ans concernant le centre ne l'a pas aidé à résoudre ce problème. Et je ne vois pas bien le lien qu'il y aurait entre les problèmes du centre et l'Envol puisque l'Envol pour l'instant n'existe pas. Donc non, nous n'abandonnerons pas les autres projets commerciaux".
Franck Reynier a plaidé aussi pour avoir le temps de la réflexion. "Nous attendons d'avoir plus de précisions sur les demandes de l'Etat et sur son niveau d'engagement. Prochainement nous allons rencontrer à nouveau la sous-préfète pour évoquer ces questions".
Pour ce qui est de la transparence dans le choix de l'équipe de maîtrise d'oeuvre le maire a accepté que l'opposition participe "mais pour le pilotage d'Action Coeur de Ville je pense que nous pouvons nous débrouiller tout seuls." Il y aura tout de même des associations de commerçants dans le dispositif, "mais pas 600 Commerces".
Après Catherine Coutard, ce fut à Salim Bouziane d'ouvrir le feu. L'élu a moqué la modicité de l'investissement pour le centre, estimant l'investissement de 3 M€ nettement insuffisant. Pour évoquer 90 M€ qui seraient prévus pour le centre d'Albi*. Sur ce point, il était d'accord avec Raphaël Rosello, ex-FN, qui a dit au maire qu'il aurait été plus crédible s'il avait annoncé 30 M€ pour le centre-ville plutôt que 3.
Puis Salim Bouziane est revenu sur l'insécurité, estimant la politique du maire déséquilibrée au profit des caméras de surveillance et au détriment de l'humain. "Il est urgent de remettre de la présence policière sur le terrain. Car sur le plan de l'insécurité, le centre-ville connaît une forte dégradation".
"Je vous signale que la sécurité est une compétence régalienne de l'Etat" lui a fait remarquer le maire. "J'agis avec les moyens et les ressources financières dont je dispose, dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. J'ai déjà fait beaucoup. J'ai armé la police municipale, j'ai développé le réseau de caméras de surveillance, nous avons mis en place des actions coordonnées de la police nationale et de la police municipale. Mais ce n'est pas facile de lutter contre la délinquance. Nous manquons d'un arsenal juridique qui nous permettrait de nous débarrasser de ces SDF qui embêtent tout le monde".
Le ton a continué à monter et ni le maire ni ses contradicteurs ne se sont plus laissé le temps de la parole. Le match de ping-pong a duré encore un petit moment, puis le calme est quelque peu revenu, après le vote de la délibération.
Chaude soirée pour Franck Reynier tout de même.
**DOB : débat d'orientation budgétaire
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Les commentaires

Nous sommes lasses de cette "guéguerre" il est temps pour la gouvernance actuelle de s'avouer dépassée il faut savoir reconnaître et faire profil bas et se retirer sur la pointe des pieds !!
Nouvelles du bien public:
Il y a un manifeste rejet/exécration d’Envol 2 par les Montiliens, tandis qu’un manifeste désir de celui-ci tarde à s’exprimer dans nos rues. Sans parler de l’avis défavorable de tout professionnel en urbanisme.
Mais tout de même: pour voir surgir ce béton dans les prés, nous avons déjà et l’envie du maire et celle du promoteur.
Soit au moins deux personnes pour. Dont une est même montilienne. Et toc.
Merci pour cette info. quant au centre social souhaité par l'élue d'opposition, il contribuerait à lutter contre les préjugés, quels qu'ils soient et à développer confiance, compétences et ...pouvoir, celui d'agir, des habitants, des Montiliens. Mais ce n'est pas toujours du goût ni de la volonté des édiles municipales qui, ici comme ailleurs, ont du mal à partager leur pouvoir, voire en font un usage que l'on a du mal à qualifier.

Con, c'est drôle: z'avez vu, le maire il est tout rouge.

Remarquable présentation du conseil municipal, un exemple du journalisme dont la démocratie a besoin.
Sans analyse, sans commentaire, mais les faits, rien que les faits. Ici, les propos échangés. Edifiants par leur crudité, où le premier magistrat d’une ville moyenne se fait remonter le bretelles, et n’a que des minableries agressives à répondre.
Et, en négatif n’apparaissant pas dans l’article mais qu’on anticipe aisément, le silence de ses conseillers municipaux. Tétanisés.
Baissant le nez.

oui, « Arsenal », « nous débarrasser de ces SDF ».. brr.. ça ferait presque un peu peur.. mais en fait je crois que c'est assez tendance comme propos. Je dis ça parce que je viens de lire l'analyse très élaborée de Marine Le Pen sur la situation dans les universités : "Non, les étudiants n’occupent pas les universités. La France insoumise, accompagnée de ses punks à chien traditionnels, occupe les universités, c’est pas exactement la même chose ». et de préciser « Tous les crasseux qu’on voit à Notre-Dame-des-Landes, les marginaux, etc. Oui, ce sont eux qui occupent les universités ». Certains appellent ça de la pauvrophobie décomplexée...

Voila un commentaire sur les SDF qui ne relève pas d'un humanisme pourtant de rigueur dans vos engagements moraux M Reynier.:
Voila une belle séquence de "démocratur"...