Les élus de l'opposition montilienne ont réitéré, dans une lettre ouverte, l'offre de partager avec le maire la tâche d'organiser la vie des Montiliens durant cette difficile période d'épidémie et de confinement. Le maire sortant, provisoirement maintenu dans ses fonctions, affiche beaucoup de réticences.
Catherine Coutard, Johann Matti, Régis Quanquin, Annie Mazet et Serge Chastan, les cinq élus municipaux de gauche, ont fait savoir au maire vendredi dernier, en dehors des médias pour ne pas prêter le flanc à une accusation de récupération, qu'ils étaient prêt à participer activement à la mise en œuvre d'un plan de bataille pour l'organisation de la vie des Montiliens dans les prochaines semaines. Des semaines qui seront forcément difficiles pour la plupart d'entre-nous.
Il faut reconnaître que notamment Régis Quanquin, médecin ophtalmologiste à la retraite et qui fut viscéralement attaché au service public, et plus encore Catherine Coutard, certes tête de liste Plus belle ma ville, mais d’abord médecin urgentiste et dont on sait l'attachement à la chose publique, sont, avec leurs collègues, particulièrement légitimes ici.
L'opposition tendait ainsi la perche au maire, qui pouvait relever le gant en faisant mine d'avoir sollicité lui même ses collègues. Cela lui aurait donné le beau rôle et l'aurait grandi un peu, malgré le discrédit qu'il a enregistré au premier tour. Il est vrai que cela l'aurait aussi obligé à partager les éventuels bénéfices politiques de la chose. Franck Reynier est resté coi. D'où la relance publique de cette proposition par la gauche municipale.
Alors même que les mesures prises par la Ville jusqu'ici sont bien timides et ne semblent pas être à la hauteur de l'enjeu. La crise que nous vivons, estiment certains élus, appelle à passer à un tout autre braquet. Dimanche soir, l'opposition non seulement a donc réitéré son offre, cette fois publiquement par une lettre ouverte, mais par ailleurs, elle a donné des conseils au maire.
Ainsi interpellé publiquement dans cette démarche constructive, Franck Reynier pouvait soit répondre positivement sans aucun bénéfice politique, soit persister dans son refus, au risque de paraître clivant et politicien. La réponse était dans le Dauphiné Libéré de ce jour : il va "en parler avec son exécutif", mais ne semble pas optimiste sur les chances d'une collaboration. Notre confrère cite sa réaction : "Je ne suis pas sûr que ce soit la priorité. L'heure n'est pas au formalisme mais à l'action. il faut être dans l'efficacité, accélérer les mesures et ne pas rajouter des difficultés administratives."
Comprendre donc : travailler ensemble n'est pas une priorité ; par principe, seul lui-même est dans l'action, efficace et pragmatique. L'opposition, elle, est forcément formelle, inefficace et bureaucratique. Un Franck Reynier qui ne semble pas avoir pris acte du désaveu cinglant des électeurs au premier tour : arrivé 3e derrière Julien Cornillet et Catherine Coutard, avec 24% des suffrages contre... 52% à l'élection précédente.
Nous reproduisons ci-dessous le courrier au maire rédigé par les cinq élus d’opposition.
MN
Monsieur Le Maire,
Notre ville, comme l’ensemble du pays, est confinée depuis le 17 mars à midi.
Face à cette situation exceptionnelle, par l’intermédiaire de Catherine Coutard et Johann Matti, les élus de l’opposition vous ont proposé leur soutien et leur engagement actif au service de la population. Notre souhait est de travailler ensemble pour les Montiliens.
A cette date nous réitérons notre proposition avec force car la solidarité est le socle de notre lutte contre l’épidémie et la participation de tous est nécessaire.
Dans cette période très difficile et totalement inédite, que le Président de la République a qualifiée de guerre, et à la veille d’un état d’urgence sanitaire, la démocratie doit vivre et les élus rester proches des Montiliens par tous les moyens possibles et dans le respect des consignes de sécurité.
Pour ce faire nous demandons la réunion d’un conseil municipal, par vidéo-conférence, dès le lundi 23 mars, avec comme seul ordre du jour la présentation à l’ensemble des élus municipaux des actions entreprises par les services de la Ville, un diagnostic de la situation et un échange constructif sur les mesures à venir.
Nous demandons également qu’un comité de suivi soit mis en place à l’échelle de la ville et de l’agglomération. Ce comité qui sera composé d’élus municipaux de la majorité et de l’opposition pourra se réunir de façon virtuelle tous les deux jours à un horaire fixe, sur le modèle de la cellule de crise quotidienne que vous avez avec monsieur le Préfet. Il nous permettra de travailler ensemble sur les différents problèmes auxquels les Montiliens sont et seront confrontés.
Si les moyens techniques devaient être un frein pour assurer ces vidéos conférences, les élus de l’opposition sont en mesure de fournir les outils nécessaires dès aujourd’hui.
Troisièmement, nous vous confirmons la proposition faite par Catherine Coutard vendredi matin de la nécessité d’organiser une communication simple et régulière à l’attention de tous les Montiliens. Dans cette période d’isolement ceux-ci sont inquiets et pour certains seuls. Vous le savez, le confinement durera bien au delà des quinze jours initiaux. Un isolement long peut avoir de multiples effets néfastes à anticiper et nous devons garder le lien avec nos administrés. Les informations sur le site de la Ville ne suffisent pas. Une partie non négligeable n’a pas ou mal accès à internet. La voie postale n’est pas suffisamment réactive dans la durée, mais la radio et la presse locale peuvent prendre le relais. Dans un premier temps, nous proposons l’envoi d’un courrier à tous les habitants grâce au service postal. Nous pourrons ainsi donner à chacun le minimum d’informations nécessaires, en particulier les coordonnées des services fonctionnant en cas de difficultés pour eux ou leurs proches. France Bleu Drôme Ardèche pourrait prendre le relais avec un point quotidien, à un horaire fixe pour chaque agglomération. Nous avons transmis cette idée à notre radio publique qui fait déjà beaucoup.
Au delà de ces premières dispositions, nous sommes certains qu’un travail collectif au service du bien commun est indispensable. Cela permettra de penser à toutes les problématiques à venir et de mettre en place toutes les solutions nécessaires. Il faut bien entendu appliquer les directives gouvernementales mais il faut aussi les enrichir des initiatives locales nécessaires. L’entraide entre les Montiliens est aussi à favoriser.
En espérant être entendus,
Catherine Coutard, Johann Matti, Serge Chastan, Annie Mazet, Régis Quanquin