Henri Fauqué, maire de Saulce et conseiller communautaire, a donné mardi 9 une conférence de presse où, au cours d'un exposé touffu, il a abordé pas moins de quatre sujets différents dont l'un concernait l'Envol. Le proche avenir du centre commercial cher à Franck Reynier a été abordé sous l'angle judiciaire – il y a du nouveau au sujet du recours en annulation qu'il a déposé conjointement avec Catherine Coutard – et sous l'angle du contenu du projet lui-même.
Le Tribunal Administratif tranchera avant les législatives sur le recours
Un petit rappel des faits pour ceux qui n'auraient pas suivi cette affaire: en octobre 2013, le Conseil communautaire a adopté une délibération par laquelle la collectivité concédait à la Sodec l'aménagement du futur centre commercial l'Envol, au nord de Montélimar. L'une des conditions promises aux élus par le président de l'agglomération pour emporter la décision a été que l'Envol serait dépourvu de galerie marchande. Mais certaines pièces annexes à la convention n'avaient jamais été communiquées. Lorsque les commerçants ont fini par se les procurer, après avoir fait le forcing auprès de la Cada par l'entremise de leur avocat, les élus mais aussi tous les Montiliens ont appris que la fameuse galerie marchande était prévue dès l'origine.
Pour Catherine Coutard et Henri Fauqué, le consentement du Conseil a été obtenu sur la foi d'informations mensongères, et il y aurait même « fraude ». D'où le recours en annulation qu'ils ont déposé conjointement auprès du Tribunal Administratif de Grenoble.
Voir : Centre Commercial l'Envol : Catherine Coutard et Henri Fauqué lancent une grenade dégoupillée sur le président de l'agglomération
L'élément nouveau est que, il y a quelques semaines, les parties en présence ont été sollicitées pour présenter leur requête dans un mémo, en vue d'une décision imminente du tribunal administratif. Après avoir réceptionné les mémorandums, le tribunal a informé les parties par lettre recommandée que la décision serait prise au cours de l'audience publique du 23 mai 2017.
Sachant que la requête a été déposée il y a à peine un an et qu'un dossier de ce type demande habituellement deux ans et demi à trois ans d'instruction, on ne peut être qu'étonné par cette inhabituelle rapidité. Et par le fait que la décision interviendra donc juste avant les élections législatives. Pour Henri Fauqué, cette précipitation n'est pas fortuite et ne peut avoir qu'un sens politique. Mais lequel? L'élu n' a pas voulu répondre à la question mais si l'on suit son regard, il faudrait retenir deux hypothèses:
Premièrement, le TA interviendrait pour embarrasser Franck Reynier en prenant juste avant les élections la décision d'annuler le contrat de concession, signant ainsi l'arrêt de mort définitif de l'Envol.
Deuxièmement, le TA intervient au contraire pour débouter les plaignants et rendre ainsi un fier service à Franck Reynier qui arrivera à proximité d'une élection majeure pour lui débarrassé de l'une des épées de Damoclès qui menacent l'Envol.
Sans élément supplémentaire, il est bien difficile d'épiloguer sur l'influence que les uns ou les autres auraient pu exercer sur la juridiction administrative pour « l'aider » à prendre la bonne décision. Mais ce qui est sûr c'est que dans 14 jours, à supposer que Henri Fauqué ait raison, nous aurons la réponse à la question.
Le PDG de la Sodec serait prêt à lâcher du lest pour sauver l'Envol
Henri Fauqué connaît bien le fonctionnement des commissions d'urbanisme commercial pour y siéger depuis plusieurs années et pour être aussi partie prenante dans plusieurs demandes tranchées en appel. Selon lui, la demande d'extension du Leclerc, si elle n'est pas acceptée en commission départementale, le sera forcément en appel, à la commission nationale. Or, « tous les observateurs avertis sont persuadés que l'Envol est mort dès lors que le Leclerc ne s'installe pas dans le centre commercial ». Selon Henri Fauqué, Massaad Matar discute avec l'enseigne Cora. L'hypothèse semble toutefois bien fragile car Cora n'est présent que dans le nord et l'est de la France et n'a pas de structure d’approvisionnement dans la région. Elle ne possède dans la moitié sud de la France qu'une seule implantation, à Alès.
Or, Henri Fauqué aurait été informé par un cadre du groupement Leclerc que Massaad Matar, conscient d'être dans l'impasse, aurait fait une proposition alternative à Olivier Bussonnière. Cette proposition consisterait, premièrement à abaisser considérablement le coût de l'investissement pour Leclerc, qui passerait de 52 millions d'euros à 30 millions voire moins. Deuxièmement à faire droit à la demande du patron du Leclerc de Montélimar d'implanter l'hypermarché au pied du plateau, à proximité de la nationale 7 et non en haut, comme c'est le cas sur les plans actuellement. Évidemment l'économie et la nature du projet en serait considérablement modifiées. Il faudrait en rabattre beaucoup des ambitions initiales et notamment renoncer aux chimères du ludique.
Olivier Bussonnière pourrait trouver la proposition intéressante. Et le préfet pourrait être tenté de suivre. Pour Franck Reynier, ce serait une porte de sortie, certes peu glorieuse, mais sans doute moins coûteuse qu'un échec pur et simple.
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Les commentaires
LA NOUVELLE NOMINATION DE NICOLAS HULOT N'EST ELLE PAS UNE BONNE NOUVELLE POUR L'ABANDON DE CETTE ZONE DE L'ENVOL.
PEUT ETRE FAUT IL LUI REMONTER LE DOSSIER.
Le nouveau Leclerc, je le verrai bien à la place d'ACTM. Et l'Envol, je le verrai bien se crasher sans avoir décollé.
Tssss...ou comment se joue l'aménagement du territoire...
Affaires de gros sous en tout cas...
Ça fait rêver! Où il est expliqué d'une part que le promoteur a de la marge pour baisser son ticket d'entrée de moitié (on imagine ce qu'il se serait mis dans les poches sur le projet initial), et d'autre part qu'on va faire rêver une zone de chalandise estimée à quelques centaines de milliers de clients en les faisant venir de plusieurs dizaines de kilomètres pour... faire leurs courses "au" Leclerc.
On entend parler de ZAD chez les opposants. Ça va encore faire parler de Montélimar à la télé après Autajon au Panama et le centre ville poubelle.
Une solution est donc sur le point d'être trouvée pour lancer ce formidable projet.
Bonne nouvelle, on ne peut que s'en réjouir.