Sa forêt, ses sentiers infinis, j’ai tout vu à Marsanne. Non, tu n’as rien vu ! Si, son 15 août, ses fêtes… j’ai vu. Non ! Mais sa fontaine miraculeuse, ses églises innombrables, j’ai vu… Non ! Ses restaurants 365 jours par an, ses commerces accueillant par tous temps, son extraordinaire boucher… Non ! Non ! Non ! tu n’as rien vu à Marsanne tant que tu n’a pas découvert son nouveau LiberTexte ! (1)
LiberTexte ! La marque a d’abord fait le tour du petit village. C’était en 2013. Les deux Marsannais les plus fous décidaient d’accumuler dans leur première caverne quelques centaines de livres d’occas. Un bric à brac avec quelques livres d’art, un peu de religion, un chouïa de romans et un peu de "divers".
Un immeuble de livres au cœur du village
Dans ce village aux dix-mille livres et aux cent mille lecteurs, le succès est rapide. Première mue en 2015, quand les deux compères doublent la surface de leur bouquinerie. 2020, sept ans après la création, Sylvain Fuma et David Fejer traversent la rue, se paient tout l’immeuble d’en face, le restaurent du sol au plafond et proposent leurs trésors aux lecteurs du dimanche comme aux fous du papier. Deux niveaux (plus un troisième, dont nous vous parlerons plus tard), sept cents mètres linéaires de rayons de "choses" imprimées, des milliers, peut-être quelques dizaines de milliers de livres. Est-ce qu’on compte quand on aime ?
A J -5, avant l'arrivée des livres, le rez-de-chaussé, et cette verrière en demi-lune dont la poésie a fait chavirer Nerval
Ici, c’est une librairie associative qui vit, s’agrandit, innove et vous accueille avec à peu près tout ce que vous pouvez chercher. Et surtout avec ce que vous ne cherchez pas, mais dont vous allez tombé amoureux. 100, 200, 500 pages à dévorer pour si peu d’euros que vous oublierez vite que vous les avez payés. Vous vous souviendrez juste du voyage fantastique que vous aurez fait grâce à ce livre, d’occasion, toujours, même s’il est parfois aussi neuf que s’il sortait de chez son éditeur.
Romans, théâtre, poésie, revues littéraires...
Les derniers titres des deux prix Nobel 2019 (2) : la Polonaise Olga Tokarczuk et l’Autrichien Peter Handke, vous les aurez au premier étage, dans le zig zag des étagères consacrées aux romans, de A comme Aliette Abecassis à Z comme Zinoviev, en passant, entre mille autres, par Gabriel Garcia Marquez, Pascal Lainé (dont le Goncourt 1974 : La Dentellière, 3€) et les nombreux Rezvani, dont L’éclipse (7€).
Le guide si recherché sur la conquête de la Provence par les Romains ou, pas loin, sur le même plateau, tout le théâtre et toute la poésie, pour les fous comme nous. Pour d’autres, les collections presqu’introuvables des revues littéraires prestigieuses : Le Mercure de France, Europe ou Temps Modernes.
Dans l'entrée du palais du livre, il n'y a pas de porte. Place au rêve
Si vous y arrivez ! Parce qu’il vous faudra d’abord traverser le rez-de-chaussée. Traverser ? Arpenter, labourer, passer au microscope les cents mètres carrés qui croulent sous le poids des idées : philo, religion, psycho et tout ce que les sciences humaines comptent de trucs en …gie, en …ique ou en …isme.
Le monde pour quelques euros
Si dans la journée, vous en sortez indemne, il vous faudra encore avant de partir, au même rez-de-chaussée, réviser vos Polars les plus classiques, découvrir la belle inconnue nichée dans le rayon science-fiction ou saliver d’envie devant ces éternels Guides Bleus, juste à gauche en entrant.
Mais craquez, c’est donné !
Dans cet incomparable palais où le monde vous est proposé, n’ayez pas peur ! Pour vingt ou trente euros, vous repartirez les bras croulants sous les volumes. A condition bien sûr de ne pas vous enthousiasmer pour leur magnifique incunable ; existe-t-il d’ailleurs ? Ou est-ce un mirage ? A condition encore de ne pas céder au vertige d’emporter ces images d’un autre siècle, ces neuf volumes de Autour de la Méditerranée, magnifiquement illustrés par Auguste Chapon. Pendant vos longues soirées, vous feuilletterez ces pages avec café et chocolat, noir de préférence.
Premier étage : romans, livres de poche, théâtre, poésie et tête de lecture
Puisque je vous parle d’histoire, un mot d’archéologie. L’archéologie de cette aventure hors du commun, qui offre à Marsanne une nouvelle médaille d’or dans cette Drôme provençale où la concurrence est pourtant vive.
Naissance d'une passion
Remontons le temps, délicatement, à mi-mots ! A la fin du siècle dernier, les deux futurs fondateurs de LiberTexte se rencontrent sur un marché à Montélimar. Un marché de livres, bien sûr. Un peu plus tard, une fameuse bouquiniste de Poët-Laval, Mireille Morin, ferme et leur cède un joli lot de livres anciens, un peu plus tard encore, le coiffeur de Marsanne déménage de quelques mètres et libère un premier local. En avant !
David et Sylvain, créateurs de LibertTexte
L’association est créée en 2013 par Sylvain, l’ex instit devenu un grand restaurateur de la petite et fameuse Côte D1000, et David, le multi activiste cultureux, devenu arboriculteur, cultivant avec passion les plus beaux plaqueminiers et cognassiers de Marsanne. Quelques merveilles tombées de ces arbres sont d'ailleurs en vente à LiberTexte, tout au fond, dans une magnifique salle voûtée qui vous réserve encore une autre surprise, que vous tais. Normal. Sept ans après, à l’âge de la raison et des folies, ils ouvrent LiberTexte 3 !
Jean-François Doumic
Ouverture cet été tous les jours de 10 heures à 19 heures
Encore quelques livres avant de partir ?
(1) Toute ressemblance, assonance, réminiscence avec le mythique dialogue du film-culte de Resnais est purement fortuite : «J’ai tout vu à Hiroshima», dit la sublime Emmanuelle Riva. «Non, tu n’as rien vu à Hiroshima», lui répond de façon lancinante l’envoûtant acteur japonais Eiji Okada.
(2) Non, 2019 n’a pas été un millésime meilleur que les précédents mais en 2018, la Fondation Nobel, éclaboussée par quelques scandales, avait décidé de ne par remettre ce prix. D’où cette double médaille en 2019 et le télescopage de ces deux grands écrivains, Tokarczuk au titre de 2018, Handke pour 2019.