
Franck Reynier habillé pour l'hiver sur C8
Aujourd'hui, sur C8, chaîne du groupe Canal +, le problème de la désertification des centres anciens a été abordé dans le magasine "La Nouvelle Edition". Le reportage versé à l'appui de la discussion mettait Montélimar en bonne place dans la cohorte des "villes fantômes" où des maires incompétents font peu de cas de leur centre historique. Après la diffusion du documentaire, l'animatrice du magazine demande à son auteure: "Mais y a-t-il des réponses?" Elle répond du tac au tac : "En tout cas pas à Montélimar. Nous avons sollicité plusieurs demandes d'interviews auprès du maire UDI de la ville, mais silence radio, apparemment la question l'embarrasse..."
Toujours aussi courageux face aux médias télévisés, notre député-maire! Malheureusement pour lui, les absents ont toujours tort...
Impossible d'incruster l'extrait du magasine ici, pour cause de droit d'auteur revendiqué par Canal Plus. Néanmoins vous pourrez le visionner sur la page Facebook de Montélimar 600 Commerces
Préserver les centres anciens, la prise de conscience
Alors que le phénomène de la désertification des centres anciens des villes moyennes s'est développé durant des années dans l'indifférence générale, il semble y avoir aujourd'hui une prise de conscience de la part des citoyens, comme des pouvoirs publics, de la nécessité d'y mettre un frein, avant qu'il ne soit trop tard. Car comme le faisait remarquer le New York Times dans un article récent prenant la ville d'Albi comme exemple emblématique, c'est à la fin d'un certain art de vivre, d'un pan de notre culture, que nous assistons. Si les Américains observent cette mort avec une certaine tristesse c'est que, leur pays étant d'histoire récente, leurs villes n'ont, sauf rares exception, pas de coeur ancien. ils n'ont jamais eu eux-mêmes ce ferment de sociabilité, ce supplément d'âme nécessaire dans une nation individualiste. Et ils le regardaient avec une certaine envie.
Un centre commercial à l'abandon, le Rolling Acres, près d'Akron, dans l'Ohio (photo: Seph Lawless)
Longtemps, les Français ont malheureusement cédé à la tentation inverse. Ne voyant plus la beauté et l'intérêt de ce qu'ils avaient sous les yeux depuis toujours, ils ne rêvaient que des centres commerciaux géants à l'américaine, censés représenter le summum de la modernité. Raison pour laquelle sans doute notre pays est celui d'Europe où il y a le plus de ces malls.
Mais la tendance s'inverse. Les centres commerciaux géants n'ont plus le même attrait. Trop nombreux, ils sont devenus banals et ne font plus rêver. Une partie des consommateurs s'en éloigne et ceux qui les pratiquent encore, toutes les études le montrent, y passent beaucoup moins de temps qu'il y a 20 ans. Selon un "baromètre CSA" de juin 2016, 9 Français sur 10 considèrent que le renouveau du centre-ville doit être l'un des objectifs principaux du maire, aujourd'hui.
Le concept de centre commercial est en crise
Pour les distributeurs eux-mêmes les malls commencent à devenir un problème car ils coûtent très cher, se font concurrence et deviennent difficiles à rentabiliser. On enregistre les premiers échecs retentissants, comme celui du centre commercial de Calais, qui a cessé ses activités sept ans après avoir été lancé, sans jamais avoir trouvé sa clientèle*.
Régis Schultz, responsable influent du groupe casino, a jeté un pavé dans la mare (Photo Willdscbs - Wikimedia commons)
Aux Etats-Unis, pays où est né le concept, on ne compte plus les faillites de centres commerciaux. Depuis 2008 des dizaines d'entre eux ont été fermés et laissés à l'abandon. Car il est difficile d'en faire autre chose que ce pour quoi ils ont été prévus. Il est probable que la France leur emboîte le pas dans les prochaines années.
Premier distributeur à lézarder la belle unanimité entre les distributeurs et les promoteurs d'immobilier commercial, en France, le groupe Casino. Responsable influent du groupe, Régis Schultz estime que le moment est venu de demander, en tant que président de l'Alliance du commerce, «un moratoire sur le développement du commerce en périphérie». La déclaration a fait l'effet d'une bombe. Bien que Casino soit l'un des principaux acteurs du secteur, avec sa foncière Mercyalis, personne ne doute que ce changement de stratégie ne soit soutenu par le PDG de Casino lui-même. Un autre signal de changement d'époque.
C'est pourquoi nous posons la question: voulons-nous vraiment voir une de ces baleines mortes s'échouer aux portes de la ville ?
* Il est bon de rappeler que le constructeur de Calais s'appelle la Sodec, un nom qui vous rappelle sans doute quelque chose.
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