Le conseiller municipal Salim Bouziane, également président local de la Confédération Nationale du Logement et administrateur de Montélimar Agglomération Habitat, fait régulièrement un petit bilan critique de la politique du bailleur social de l'Agglo. Dans un communiqué il a livré la version 2018. Interview de l'intéressé.
Montélimar News : - Vous dites que MAH ne créée pas assez de logements sociaux et que la demande non-satisfaite est très importante, mais n'est-ce pas le cas un peu partout en France?
Salim Bouziane : -Oui mais il y a une spécificité montilienne: les loyers dans le privé sont très élevés, les plus élevés de la Drôme, comme l'a montré la dernière étude CLAMEUR. Dans le privé le taux d'effort moyen pour un ménage est de 26%, plus du quart de ses revenus. Dans le parc social il est de l'ordre de 20%. Et on ne peut que constater que 60% des ménages répondent aux critères pour bénéficier d'un logement social.
Je sais que je le dis depuis longtemps, mais si j'insiste à nouveau sur cette question c'est que la présidente Patricia Brunel-Maillet a annoncé son intention de réduire l'effort de construction de MAH.
Voir aussi: Montélimar, la ville où les loyers sont les plus élevés
MN : - Construire des logements, ça coûte cher!
SB : - Un nouvel appartement c'est un nouveau loyer qui rentre! 90% des ressources financières de l'Office sont les loyers. D'autre part, ça ne coûte pas très cher d'emprunter auprès de la Caisse des Dépôts. On rembourse sur 30 à 50 ans et les taux d'intérêt sont inférieurs à la rémunération du livret A. S'il l'on construisait davantage de logements, cela rééquilibrerait l'offre sur Montélimar et mettrait fin à l'inflation des loyers privés sur la ville. Il faut le faire pas seulement pour les nécessiteux mais pour les jeunes ménages des classes moyennes, qui ne peuvent plus s'offrir Montélimar et s'en vont (ou ne viennent pas).
Je ferais remarquer également que tout office HLM qui n'investit pas ses ressources dans la rénovation ou la construction paye une taxe assez coûteuse. Le gouvernement ne veut pas que les organismes HLM se constituent des matelas de réserves inemployées ou autres "trésors de guerre".
MN : - Vous revenez également à la charge sur la question des procédures d'attribution de logements. Vous avez des malversations à dénoncer?
SB : - Non, mais vous vous souvenez peut-être que la Miilos* il y a trois ans avait fait un certain nombre de reproches sérieux au maire et à la présidente en matière d'attribution. Depuis j'ignore si des actions correctives ont été mises en place ou pas. En tant que responsable de la CNL, je m'interroge. Beaucoup viennent se plaindre auprès de nous et certains témoignages me semblent révéler des incohérences. C'est pourquoi, dans ce domaine, ce que je demande pour les administrateurs, c'est plus de transparence. Nous ne savons toujours pas comment cela fonctionne réellement, si le règlement et la neutralité de l'institution sont vraiment préservés.
MN : - Selon vous il y aurait des problèmes de gouvernance au sein de MAH...
SB : - En tout cas, il m'a bien semblé qu'il y a eu des problèmes de gouvernance sur le sujet de l'abandon du projet de l'aménagement de l'ancienne Polyclinique des Pins. C'est pourquoi j'ai saisi le préfet qui a envoyé un représentant lors d'une réunion du conseil d'administration. Le fonctionnaire a mis les formes mais a bel et bien reproché à la présidente de n'avoir pas respecté les procédures de conduite de l'action de l'institution. Par exemple il a observé qu'un administrateur a pris la liberté d'écrire une nouvelle délibération (NDLR : sur la polyclinique) différente de celle qu'avait produite la direction de MAH. Il a rappelé que ce n'est pas le rôle d'un administrateur. Ces observations figurent dans le compte-rendu. Il me semble donc indispensable de remettre de l'ordre dans la gouvernance, de rétablir un bon équilibre entre conseil d'administration, bureau et direction.
Voir aussi à ce sujet :
➤Arrêt du projet de réhabilitation de la polyclinique des pins : Salim Bouziane interpelle le préfet et
➤Salim Bouziane veut sauver le projet d'aménagement de la polyclinique des pins
MN : - Enfin, dernier sujet, la mise en vente de certaines maisons du parc. Vous donnez maintenant la priorité à la location?
SB : - Nous faisons le triste constat de l’échec de la politique de vente de MAH. Seuls 15% des lots mis sur le marché ont été vendus, sur un total de 145 logements. Nous avions alerté le bailleur sur les tarifs élevés au regard des ressources des locataires. De plus, il aurait fallu mettre en place un dispositif de location-vente plus adapté dans ce type de transaction.
MN : - Mais à l'époque vous proposiez que MAH pratique une importante décote…
SB : - Ma position sur ce point a évolué. Je pense aujourd'hui qu'il vaut mieux remettre au moins une partie de ces logements en location, plutôt que de les brader en dessous des prix du marché. Cela permettrait de loger beaucoup de gens qui attendent un logement depuis longtemps. Et cela ferait rentrer des ressources dont MAH a besoin pour investir dans la rénovation et la construction.
Propos recueillis par Patrice Lemitre
*La Miilos est un organisme officiel dont le rôle est de contrôler le bon fonctionnement des bailleurs sociaux.
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Les commentaires

pour un quidam, c'est pas si clair que ça, mais au moins il est clair que c'est pas très clair...
Plus clair il n'y a pas, de plus le commentaire de GIORDANO Bruno est d'une frappante et puissante réalité.
#NameAndShame
Présidente de MAH,Adjointe aux Politiques Contractuelles (Contrat Ville), Conseillère Départementale et Vice-Présidente du CAUE26 (qui aurait pu animer et mener l'étude sur le Centre Ville...)...
Une élue qui brigue de multiples mandats sans en assumer aucun et leur donner du sens par la transversalité... plus préoccupée par son image à vouloir se faire aimer de tous et par son téléphone portable qu'elle n'a pas même pas la politesse de ranger lors des séances des conseils auxquels elle assiste... La nomophobie, ça se soigne!
J'en profite pour sensibiliser l'Office MAH sur la nécessité d'encourager la mixité sociale sur les sites sur lesquels il est bailleur et de ne pas ajouter de la misère à la misère que ce soit à Pracomptal, Nocaze ou le Centre Ville... et d'investir dans la réhabilitation de ses logements dont certains souffrent d'insalubrité et ajoutent à la précarité...la précarité énergétique... que penser d'une mamie locataire, vivant avec le minimum vieillesse qui, l'hiver, ne se chauffe plus si ce n'est les mercredis quand elle reçoit ses petits enfants...???
Patou, il serait temps de passer à autre chose et de céder tes places... next!