Une remise de subventions particulièrement intéressante au niveau local a eu lieu vendredi dernier, le 8 décembre, au « Pavillon de jardin » de Viviers. Sept initiatives de sauvegarde d'un élément de patrimoine ardéchois ont été récompensées officiellement ce jour-là.
Le « Pavillon de jardin » de Viviers a déjà fait l'objet d'articles de presse (voir notre article à ce sujet). Car il abrite de très belles peintures murales en trompe-l'œil du début du 19ème siècle. Malheureusement en mauvais état. Les actuels propriétaires étant bien décidés à sauvegarder et restaurer ce patrimoine local, ils ont eu la très bonne idée, pour financer les travaux indispensables, de faire appel au F.I.P.A. Encore un sigle, sans doute inconnu à la plupart des Ardéchois, mais qui pourrait acquérir très vite une notoriété méritée.
En effet, le Fonds Innovant en faveur des Patrimoines Ardéchois, créé en 2017 seulement par le Département, à l'initiative d'Hervé Saulignac, est entièrement dédié à la sauvegarde du patrimoine rural non pris en compte par les Monuments Historiques.
Quel genre de patrimoine ? On pourrait dire le « petit patrimoine », sans aucune connotation péjorative, celui qui ne saute pas forcément aux yeux mais est indissociable de la beauté de l'Ardèche: lavoir de village, église, toit en lauzes, muret en pierres sèches, ferme traditionnelle...
De fait, tout le monde peut être concerné, propriétaires privés, associations, collectivités locales.
La preuve? En 2017, 30 projets ont été présentés, 14 ont été retenus pour bénéficier d'une subvention: six présentés par des collectivités, cinq par des associations, un par un binôme collectivité-association et deux par des particuliers. Dont le porteur du projet de sauvegarde des peintures du pavillon.
Comment ça marche ?
Le principe est en fait très simple: les porteurs de projets doivent retirer un dossier auprès de la direction de la culture du Département (culture@ardeche.fr), le remplir et le déposer avant la date butoir (15 février pour 2018) auprès du même organisme.
Mais, et c'est là l'une des particularités de ce F.I.P.A, chaque porteur de projet retenu doit également lancer une campagne de financement participatif en ligne. La subvention accordée par le Département sera fonction du montant obtenu.
D'un montant de 100.000 € en 2017, cette subvention provient de la redevance versée par la Caverne du Pont d'Arc au Département. Du grand patrimoine vers le petit patrimoine...
Mais quel est l'intérêt d'un financement en duo ?
En fait, Hervé Saulignac souhaitait que «le Département ne soit pas considéré comme un distributeur de billets», en faisant en sorte d'impliquer fortement les personnes dans l'aventure. Qui plus est, le crowdfunding ne se résume pas à une collecte de fonds. S'il y a des dons, c'est qu'il y a des donateurs, des gens que l'on doit convaincre de l'intérêt du projet. Il faut parler du patrimoine que l'on souhaite préserver, le faire visiter si possible, expliquer ses particularités, fédérer autour de lui. Une autre façon de faire découvrir les richesses du département et de tisser des liens, de mobiliser, de sensibiliser...
Cette année, deux plateformes ont été partenaires du projet: celle de la Fondation du Patrimoine et Dartagnans. Leurs représentants ont tous deux mis l'accent sur la nécessité de bien accompagner les participants, et surtout de ne jamais sous-estimer l'attachement des gens à leur environnement patrimonial.
Petit aperçu de la peinture du "pavillon de jardin"
Les lauréats
Sept porteurs de projets sur les 14 retenus étaient présents ce soir-là, ainsi que le député Hervé Saulignac, Olivier Peverelli, vice-président du département de l'Ardèche et Christine Malfoy, conseillère spéciale en charge de l'environnement. Pour cette première année, ils se sont vu remettre un chèque symbolique du montant de la subvention attribuée.
Chacun d'eux a parlé de ses choix, des espoirs, des doutes qui ont accompagné leur parcours, et de l'intense satisfaction d'avoir réussi à faire bouger les choses. Pour nombre d'entre-eux, il y a effectivement eu de très belles rencontres, y compris avec leurs interlocuteurs au Département, comme Marine Bellier, fortement investie dans l'accompagnement des porteurs de projets.
Au départ, Pascal Bailly, maire de la petite commune de Saint-Clément, croyait peu à ce projet, d'autant qu'il ne disposait pas du personnel permettant de traiter facilement le dossier. Et pourtant, il était là, encore étonné d'avoir gagné le pari du cofinancement en récoltant en 45 jours plus que son objectif. Étonné mais heureux d'avoir agi pour sauver son église et très motivé par l'existence du F.I.PA.
Pour finir, Hervé Saulignac a précisé qu'un patrimoine, ce n'est pas seulement ce que l'on a hérité de son père. Pour lui, «c'est surtout ce qui donne du sens à ce que nous sommes, ce qui nous permet de mieux construire l'avenir. Aucune commune d'Ardèche ne peut se permettre de dire: chez nous, il n'y a pas de patrimoine.»
De quoi donner des ailes à tous ceux qui, jusqu'à présent, avaient des projets mais pas de moyens pour les concrétiser... et des idées aux autres Départements.
Christine Guillerm
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Dans le cadre de ce dispositif FIPA, le CICP de Viviers vient de lancer sa campagne de financement participatif pour la première tranche de travaux de réalisation d'un gîte d'étape sur la Via Rhôna, dans l'ilot historique de la Maison des Chevaliers au cœur de Viviers. (pour en savoir plus : www.cicp-viviers.com)