Malmené par l'opposition qui lui reprochait le développement de l'insécurité dans le centre, Franck Reynier a fait remarquer, entre autres choses, que la sécurité est avant-tout une compétence régalienne de l'Etat. Et donc qu'il a peu de levier pour agir. Contrairement à la députée de la circonscription à qui il a demandé de s'emparer du problème.
Franck Reynier s'est plutôt bien défendu lundi soir lorsque Salim Bouziane est intervenu pour critiquer sa politique en matière de sécurité. (voir Clash au conseil municipal). Son bilan en la matière est sans doute contestable mais on ne peut pas dire qu'il n'a rien fait, comme l'observe son collègue de l'opposition Serge Chastan (voir Serge Chastan : ''Sur la sécurité l'opposition doit être plus mesurée dans ses prises de position''). Il n'a pas tort de faire remarquer que la sécurité est une compétence régalienne de l'Etat, les polices municipales ne pouvant intervenir qu'en force d'appoint. Et on peut dire que lorsqu'il apostrophe la députée Alice Thourot, à qui il demande de prendre en charge la problématique, c'est un peu politicien, mais de bonne guerre.
Franck Reynier a déjà oublié qu'il a été député
Toutefois, Serge Chastan rappelle qu'il y a quelques mois encore Franck Reynier était toujours député. Et qu'il a exercé ce mandat durant deux législatures. En particulier, lorsque Nicolas Sarkozy a fait adopter par le parlement la "révision générale des politiques publiques" qui prévoyait le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, le député a voté cette loi qui a abouti à la suppression de quelques 13.000 postes dans la police et la gendarmerie.
Parallèlement, le gouvernement de l'époque a créé près de 3.000 postes d'adjoints de sécurité. Il n'en reste pas moins que le solde de la législature est resté négatif de l'ordre de 10.000 postes. Ce n'est pas rien.
Comme on le voit sur le graphe ci-dessus, réalisé par le Parlement sur la base des données de la Cour des comptes, c'est la gauche de François Hollande qui a entrepris de faire remonter les effectifs des forces de l'ordre. On peut tout de même observer que la courbe est restée nettement descendante pendant les deux premières années de la présidence Hollande pour recommencer à remonter assez mollement entre 2014 et 2015. Sans doute par inertie de la politique précédente, François Hollande ayant promis durant sa campagne qu'il restaurerait les effectifs des forces de l'ordre. Mais quelles qu'aient été les intentions initiales du président de la République, il n'aurait bientôt plus d'autres choix que la marche forcée. Après l'affaire Merah, sept morts à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, le calme est revenu pour presque trois ans. De quoi faire oublier quelque peu une promesse. Jusqu'à ce que survienne la tempête de 2015. Rafraichissons-nous la mémoire:
Du 7 à 9 janvier 2015: attentats de Charlie Hebdo et prise d'otage de l'Hyper Cacher.
3 février 2015: agression au couteau à Nice.
19 avril 2015: attentat manqué contre une église de Villejuif.
26 juin 2015: un chef d'entreprise décapité en Isère.
21 août 2015: attentat du Thalys.
13 novembre 2015: massacre du Bataclan.
En 2016 cela continue pratiquement au même rythme :
7 janvier 2016: attentat manqué contre un commissariat de Police du 18ème arrondissement.
13 juin 2016: assassinat de deux policiers à leur domicile dans les Yvelines.
14 juillet 2016: attentat de Nice : 86 morts, 458 blessés.
26 juillet 2016: un prêtre assassiné dans son église près de Rouen.
4 septembre 2016: attentat déjoué contre la cathédrale Notre-Dame
Et depuis :
3 février 2017: attaque de militaires en faction au Louvre.
18 mars 2017: des soldats en faction attaqués à l'aéroport d'Orly.
20 avril 2017: attaques de policiers sur les Champs-Elysées. Un policier tué.
6 juin 2017: attaque de policiers devant Notre-Dame.
19 juin 2017: attaque manqué d'un fourgon de gendarmes mobiles sur les Champs-Elysées.
9 août 2017: des soldats du dispositif Sentinelle attaqués à Levallois Perret.
1er octobre 2017: deux jeunes filles tuées à coups de couteau à Marseille.
23 mars 2018: prise d'otage à Carcassonne et Trèbes faisant quatre morts et seize blessés.
Une liste tout de même impressionnante.
Alice Thourot répond à Franck Reynier
La députée a elle aussi insisté sur les très nombreuses suppressions de postes survenues du temps de Nicolas Sarkozy, tout en rappelant que le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est engagé en février dernier à créer 10.000 postes de policiers et gendarmes, d'ici à 2020. Soit 2000 par an pendant 5 ans (il faut du temps pour former un gendarme ou un policier).
Alice Thourot compte aussi sur la réforme de la procédure pénale que le gouvernement devrait proposer au Parlement dès cette année pour simplifier les procédures et libérer du temps que les forces de l'ordre pourront passer sur le terrain.
Cela ne nous dit pas combien de nouveaux policiers seront affectés au commissariat de Montélimar dans les prochains mois. Mais il serait étonnant qu'Alice Thourot, qui a été missionnée par le ministre de l'Intérieur en personne pour étudier la question de la coordination entre les forces de police publiques et privées, n'obtienne pas quelques postes pour Montélimar si elle les demande.
Voir aussi :
➤Alice Thourot confie ses pistes de réflexion concernant la coordination des forces de police publiques et privées
➤Sécurité: Alice Thourot mènera une mission parlementaire avec l'ancien patron du RAID