Montélimar News s'est payé le luxe de dépêcher un ''envoyé spécial'' au festival du court métrage de Clermont-Ferrand. Ou plutôt une envoyée. Notre spécialiste ''cinéma'', Artiz, y était en effet. A mi-parcours de sa semaine festivalière, elle avait déjà vu une trentaine de films. Elle nous livre quelques-unes de ses premières impressions.
C’est ma première immersion dans ce festival qui en est pourtant à sa 41ème édition pour ce qui est des "courts" français et son 31ème rendez-vous avec des "courts" étrangers. Après avoir décodé le jargon local qui décline les séances façon bataille navale (I1 à 14 pour les internationaux et F1 à 12 pour les frenchies, sans compter les CAN1 à 6 qui mettent à l’honneur les Canadiens), je me lance dans le grand bain… de foule. En effet, le préliminaire, c’est d’attendre parfois une heure pour être sûr·e d’entrer et d’avoir une bonne place dans l’un des amphis des écoles de commerce, Droit ou Lettres réquisitionnés pour l’occasion. La rançon du succès pour ce festival qui a drainé 160.000 spectateurs l’an passé.
A mi-parcours, pas de grosse déception et plusieurs coups de cœur. La programmation est de qualité sans être élitiste. L’inspiration des réalisateurs et réalisatrices des quatre coins du monde s’avère très variée, comme le traitement, le regard qu’ils portent à leurs sujets. Horaires obligent, on croise davantage de têtes grises et blanches que de petits jeunes – hormis les chanceux qui ont classe au cinéma.
Focus sur mes premières séances, ces séries de 4 à 7 courts-métrages: virée internationale et polar
Du I3, je retiens le film "Skin" de l’Américain Guy Nattiv. Une histoire d’épiderme dont je ne dévoilerai pas la chute, sinon pour vous dire que le racisme en est le sujet central et que ça hérisse le poil!
Ma seconde séquence étrangère, I2, est très variée, voire éclectique. Des six "courts", je retiens la difficulté d’être une paysanne islandaise en solo ("Viktoria"), le prédicateur filou touché à son insu par la grâce ("la dîme et l’offrande" de T. Koros), mais surtout "Brotherhood – Fraternité", de la tunisienne Meryam Joobeur. Un des frères est parti en Syrie, laissant les autres désemparés et isolés dans leur montagne, à garder leurs bêtes. Son retour, qui plus est accompagné d’une très jeune femme intégralement voilée, n’est pas vécu comme une fête, malgré le soulagement maternel de le retrouver sain et sauf. Loin des grands discours pontifiant sur la radicalisation, c’est une tranche de vie dans la campagne tunisienne. Les positions des un·es* et des autres y sont sensibles et ambigües, exprimées ou tues. Comme dans la vie, la vraie… même si c’est du cinéma.
Seconde séquence étrangère : plus inégale
Je suis moins emballée par ma troisième séquence "étrangère", que je trouve inégale. Je sauve néanmoins "Turning Ten" (10 ans), un film sur l’excision, de Jaylan Auf. Et "To plant a flag", inspiré de la réalité qui veut que les cosmonautes américains soient allés s'entraîner en terres islandaises avant d’aller sur la lune en 69. Bobbie Peers en tire un film loufoque sur les mésaventures de ces deux cosmonautes en tenue, sur leur buggy, qui s’entraînent à planter leur drapeau, au grand dam du paysan du cru.
7 polars pour une salle pleine à craquer
Les spectateurs (clermontois d’un jour ou de toujours) aiment bien frissonner devant l’écran! Faut dire que le public vote en leur attribuant 1 à 5 étoiles. Ce sera le dernier des sept courts polars qui aura tous mes suffrages. Un "Troc-mort" succulent où des employés de pompes funèbres corses s’embringuent dans des transactions douteuses avec des branquignols sortis d’un hold-up foireux... mais pas pour tout le monde!
Artiz
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Où voir ces courts métrages ?
NRLR : Les courts métrages cités dans cet article ne sont pas faciles à voir en salle, comme le reconnaît Artiz. Ils ne sont pas faciles non-plus à voir en vidéo, du moins pour le moment. Mais ça ne durera pas. D'ici quelques semaines, quelques mois tout au plus vous trouverez la plupart d'entre-eux sinon tous sur You Tube, Viméo ou autres plateformes de stockage de vidéos. Dans votre moteur de recherche habituel, il vous suffira de taper le titre et si possible de nom de l'auteur ou "court-métrage" et de sélectionner l'affichage prioritaire des vidéos. Pensez-y
*Avec le tact relationnel et la fluidité littéraire que ses lecteurs lui plébiscitent, depuis quelques temps Montélimar News intègre quelques éléments de l'écriture inclusive. Autrement dit s'efforce de gommer les excès de cette masculinisation (sous discutable prétexte d'un supposé "neutre"), forcée depuis le XVII° par l'Académie Française, "tribu de vieux mâles" (dixit Cl. Lévi-Strauss) pétant plus haut qu'indispensable.
Ainsi, l'utilisation occasionnelle du "point médian" (et un seul dans le mot, et à la première occurence dans un texte) pour signifier une prise en compte de tous, toutes et autres.
L'absence jusqu'à aujourd'hui de hurlements outragés de vieux mâles dans les commentaires milite pour la continuation de cette vie de la langue dans MN. Mais on a le droit de réagir. (note de l'éditeur)