Franck Reynier ne cesse de prétendre que Montélimar est une ville économiquement dynamique, mais la comparaison avec Vitré, ville de 18.000 habitants dans une agglo de 80.000 habitants, est cruelle pour lui.
Vitré-Montélimar, les deux agglomérations sont de taille comparable et sont situées toutes deux sur un territoire assez rural mais traversé par des axes de communication importants (Montélimar bien davantage). Pourtant, à Vitré, le taux de chômage n'est que de 4,8%, soit quasiment le plein-emploi, avec de plus beaucoup d'emplois très qualifiés, quand Montélimar se traîne un boulet de 18,1% et n'offre que très peu d'emplois qualifiés.
Quelle est la clé de ce succès ? Le volontarisme du maire et président de l'agglomération (centriste*) Pierre Méhaignerie, qui tient le pays de Vitré depuis plus de 40 ans. Il aurait pu se contenter du tourisme (Vitré est l'une des villes les plus riches en patrimoine historique) et il aurait pu ouvrir largement sa périphérie aux implantations commerciales. Il a préféré se battre pour sauvegarder et développer l'emploi industriel.
Martial Boillot, animateur et coordinateur de l'insertion sociale et professionnelle et ancien contributeur de Montélimar News, a passé en revue dans l'article ci-dessous toutes les recettes de Vitré - façon d'envoyer un clin-d'oeil en direction des candidats qui prétendent à la succession de Franck Reynier.
VITRÉ: LES RECETTES DU PLEIN EMPLOI
Une politique volontariste et sociale
Pierre Méhaignerie, le maire de Vitré et président de Vitré communauté, le répète régulièrement : l'emploi, c'est "la première des priorités" et le territoire est ici "business friendly". Pour cela, les équipes misent notamment, depuis plus de quarante ans, sur la prospection et l'anticipation. Tout en gardant à l'esprit que, pour avancer, mieux vaut être stable sur ses deux pieds : "il n'y a pas de performance économique sans progrès social ni de progrès social sans performance économique", rappelait-il encore il y a quelques jours.
Une fiscalité modérée
Sur le territoire, la taxe transports (contribution des entreprises pour le territoire) n'est pas mise en place et la taxe sur le foncier bâti est faible. La pression fiscale est ici moindre qu'ailleurs. Pourquoi? "Afin de protéger le pouvoir d'achat des familles et la compétitivité des entreprises", explique toujours Pierre Méhaignerie.
Création de bâtiments-relais
C'est l'une des grandes forces du territoire : la collectivité dispose de bâtiments-relais prêts à accueillir des entreprises. Ces dernières peuvent ainsi prioriser leur temps et leurs finances dans la production, leur développement et leur masse salariale, au lieu de le faire dans la construction d'un bâtiment.
Pour avoir des bâtiments-relais, Vitré communauté rachète soit des locaux laissés vacants et les réindustrialise, soit en construit de nouveaux. Ainsi, depuis 2001, Vitré communauté a investi environ 50 millions d'euros dans une quinzaine de bâtiments relais. Parmi les entreprises qui se sont développées ainsi : Webhelp à Etrelles (600 salariés), Lactalis nutrition santé à Torcé (250 salariés)...
Dans l'Agglo, Henri Fauqué, à Saulce, a mené avec succès une politique similaire, avant que l'Agglomération n'obtienne la gestion des zones d'activités.
Travailler en commun
Simplifier, dans un souci d'efficacité et de pragmatisme : l'un des exemples de cette façon de penser est la Maison de l'emploi, de l'entreprise et de la formation (Meef). Créée il y a neuf ans, elle rassemble, en un lieu unique : Pôle emploi, la Mission locale, le service Insertion, le Centre d'information et d'orientation (CIO), la Chambre de commerce et d'industrie (CCI), la Chambre des métiers, la Chambre d'agriculture et une cyberbase. Sur le territoire, elle rayonne aussi via les Points accueil emploi à Châteaubourg, Argentré-du-Plessis et La Guerche.
Maison de l'Emploi, de l'Entreprise et de la Formation (MEEF).
Mettre en valeur l'industrie
En pays de Vitré, près d'un emploi sur deux (44%) est dans l'industrie (moyenne nationale : 13 %). Locomotive de ce secteur d'activités, l'agroalimentaire y représente quatre emplois sur dix. Afin de faire connaître ces métiers, produits et savoir-faire, plusieurs initiatives cohabitent : des expos et publications sur les jeunes dans l'industrie, une Académie des métiers de l'industrie...
Emploi industriel (source Insee) :
Moyenne nationale : 13%
Montélimar (ville): 9,2%
Vitré (ville): 44%
Se faire connaître
Le territoire a à cœur de faire connaître ses entreprises. Un exemple avec l'Espace entreprises, vitrine des entreprises locales depuis trois ans. Trente-huit en sont partenaires (toute la liste sur Montelimar news
Dans cette même volonté d'affirmer son identité, économiquement mais pas seulement, une marque de territoire - nommée l'Effet Vitré ! - a été lancée il y a un an et demi. Une cinquantaine d'ambassadeurs (associations, particuliers, entreprises petites et grandes, artisans, commerçants.) en sont partenaires.
Innover
En ne ratant pas le virage du numérique. Pour cela, un fablab (laboratoire de fabrication numérique) et espace de travail partagé (coworking) a ouvert à Vitré il y a six mois. Nommé le FIVE (Fablab innovation Vitré entreprises), il est ouvert à tous : salariés, ingénieurs, startupers, étudiants, afin de favoriser l'innovation et le partage d'idées. Avec une spécificité : il est porté par une vingtaine d'entreprises partenaires, grandes et petites, et soutenu par plusieurs collectivités.
Martial Boillot
* Personnalité longtemps située au centre, Pierre Méhaignerie a été un temps vice-président de l'UMP, qu'il a quitté au moment de l'affrontement Fillon-Copé pour la direction du parti, en 2012. Il a trouvé refuge à l'UDI, le parti de Franck Reynier. Agé de 80 ans, il s'apprête à se retirer de la vie politique, en ne briguant pas un nouveau mandat à la tête de Vitré.
Crédit Photo : en haut, Pierre méhaignerie, par Fpleclercq / Ci-dessus : Meef, Vité Communauté
- Commentaire(s) : 3
Les commentaires

Merci David,
De quoi alimenter des programmes et changer un modèle économique qualifié de dortoir ou résidentiel qui n'a que pour objet de pourvoir aux seuls besoins des habitants...
Pour celles et ceux qui seraient tenter de nous vendre une spécificité locale liée aux plateformes logistiques, sachez que ces dernières sont implantées un peu partout en France et qu'elles ne participent pas aux identités économiques des territoires.

Bravo Martial! Super article!
J'espère qu'on saura s'inspirer de cela et que des propositions dans cette direction seront faites pendant la campagne.
La priorité, c'est l'emploi. Les gens veulent du travail, et du travail qualifié, non délocalisable, qui soit un marqueur du dynamisme de notre territoire, non pas un dynamisme économique de façade tel que le vend Reynier.
J'espère que tu seras lu!

Bravo Martial! Super article!
J'espère qu'on saura s'inspirer de cela et que des propositions dans cette direction seront faites pendant la campagne.
La priorité, c'est l'emploi. Les gens veulent du travail, et du travail qualifié, non délocalisable, qui soit un marqueur du dynamisme de notre territoire, non pas un dynamisme économique de façade tel que le vend Reynier.
J'espère que tu seras lu!